Hazard vs Lukaku, diabolique duel à Stamford Bridge
Pour EXTRA SPOORT, Rio Mavuba et Olivier Deschacht, leurs mentors à Lille et à Anderlecht, évoquent la belle évolution de leurs anciens équipiers, avant le choc de la 9e journée de Premier League…
- Publié le 20-10-2018 à 08h00
- Mis à jour le 20-10-2018 à 10h33
Pour EXTRA SPOORT, Rio Mavuba et Olivier Deschacht, leurs mentors à Lille et à Anderlecht, évoquent la belle évolution de leurs anciens équipiers, avant le choc de la 9e journée de Premier League…
Le choc Chelsea – Manchester United ouvre la 9e journée de Premier League. Un sommet, aussi, entre deux des meilleurs buteurs du championnat d’Angleterre. Et ils sont belges : Eden Hazard (7 goals) accueille Romelu Lukaku (4 roses). Si les deux fers de lance de notre équipe nationale font trembler les filets, leurs équipes connaissent un début de saison contrasté : les Blues de Sarri, invaincus (20 points sur 24), disputent à City et Liverpool le leadership ; les Red Devils de Mourinho (13/24) balbutient leur football…
Emmené par un Eden Hazard inarrêtable, Chelsea veut continuer sur sa lancée, tandis que Manchester United compte énormément sur Romelu Lukaku pour enfin remporter un succès de prestige. Preuve de l’importance de nos deux Diables dans ces deux clubs du top anglais. Une dimension qui n’étonne pas les deux joueurs qui ont guidé leurs premiers pas professionnels. Pour EXTRA SPOORT, Rio Mavuba et Olivier Deschacht, leurs mentors à Lille et à Anderlecht, évoquent la belle évolution de leurs anciens équipiers…
Rio Mavuba: “Eden n’a rien à envier aux meilleurs”
Janvier 2008. Six mois après avoir quitté Bordeaux, son club formateur, pour une expérience peu concluante à Villarreal, Rio Mavuba est de retour en France. Le milieu vient d’être prêté à Lille quand il effectue le tour du domaine de Luchin avec Claude Puel. Qui le prévient, avant son premier entraînement sous ses nouvelles couleurs dans l’après-midi. "Il m’a dit : ‘Tu verras, on a deux jeunes qui viennent s’entraîner avec nous, deux phénomènes’. Et il parlait d’Eden et de Yannis Salibur. J’ai vite compris qu’on avait à faire à un phénomène."
Que l’international français (13 sélections) a vite pris sous son aile.
À l’entraînement, le Brainois, qui avait fait ses débuts quelques mois plus tôt, "rend fou quelques défenseurs, notamment Adil Rami", se souvient Mavuba qui, très vite, voit très grand pour Hazard.
"J’ai toujours dit que c’était un joueur qui pouvait atteindre le niveau des tout meilleurs, que ce soit Cristiano, Messi ou Neymar. Il a largement le potentiel", explique le néo-retraité devenu consultant. "Ce qui m’énervait, entre guillemets, c’est qu’il était critiqué, soi-disant qu’il n’était pas présent dans les grands matches. Mais pour lutter dans les gros matches, il faut aussi être bien entourés. Parfois, à Chelsea, j’avais l’impression qu’il ne l’était pas forcément, notamment en Ligue des Champions. Pareil avec la Belgique où on ne sentait pas forcément une grosse unité dans l’équipe. Là, on a vu à la Coupe du Monde que quand il est bien entouré, bien accompagné, notamment avec De Bruyne, Lukaku ou Courtois, Eden est capable de faire ce qu’il a toujours fait. Aujourd’hui, en terme de qualités, il n’a rien à envier aux tout meilleurs si ce n’est qu’Eden, comme il aime le jeu, le beau jeu, il est peut-être moins obnubilé par les statistiques que Messi, Ronaldo, voire Neymar. Eux, ils courent après cela."
Parce qu’Hazard est et restera d’abord un joueur au sens noble du terme. "Exactement. Il a toujours perçu le football comme cela. Quand je le vois jouer, il a toujours gardé cela. Certains sont plus personnels. Ce n’est pas la mentalité d’Eden. C’est un joueur collectif", reprend Mavuba. "Je pense que quand les gens vont au stade, c’est pour voir des joueurs comme lui, des joueurs capables d’éliminer, de dribbler. Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup qui sont capables de faire cela. Neymar, dans le dribble, est peut-être au même niveau ou au-dessus, amis Eden n’est pas la fioriture, le geste superflu ou le chambrage. C’est un mec qui respecte l’adversaire. Pour moi, c’est le plus beau joueur du monde à voir jouer."
Olivier Deschacht: "Il marquerait plus sans Mourinho"
À Anderlecht, Olivier Deschacht (37 ans) a joué pendant deux saisons avec Lukaku, de 2009 à 2011. Il fut son premier capitaine.
"Il était déjà le plus costaud du vestiaire, mais il était quand même très calme et modeste", se souvient le défenseur de Lokeren, qui a joué le rôle de mentor à cette époque-là. "Il écoutait bien ce que des gars expérimentés comme moi lui disaient. Il en tirait des leçons pour devenir meilleur. En deux ans, il a énormément évolué."
Aux entraînements, Oli était souvent opposé à Rom.
"Physiquement, il était déjà beaucoup plus fort que moi. Il avait déjà une explosivité hors du commun. Et il marquait des buts. Un joueur qui marque, est toujours aimé dans le vestiaire. Mais lui, en plus de cela, il était adorable avec tout le monde. Jeunes ou plus âgés : il s’entendait bien avec tous les joueurs. Mais en même temps, c’était un guerrier. Sa motivation n’avait pas de limite."
Puis est venue la proposition de Chelsea.
"Chelsea, cela ne se refuse pas. Mais honnêtement, il aurait mieux fait de rester encore au moins un an à Anderlecht. Souvenez-vous des attaquants des Blues à cette époque : Drogba, Torres, Kalou et Sturridge. Je n’ai pas essayé de le faire changer d’avis, parce que je savais qu’il rêvait de Chelsea, le club de son cœur. Finalement, il a dû faire un pas en arrière, à Everton, pour en faire deux en avant, à Manchester United."
Deschacht a suivi le parcours de Lukaku de près.
"Je l’ai surtout vu se développer au niveau technique. Il est devenu un attaquant qui sait jouer dans le rectangle adverse. C’est pour cela que je regrette un peu qu’il ait Mourinho comme entraîneur. Il sait faire plus que de jouer en contre-attaque. Mettez-le à Manchester City, et Romelu mettra encore plus de buts."
Deschacht ne panique toutefois pas pour son pote.
"Il va vite marquer 200 buts en championnat (138 actuellement, en 300 matches). Il devient de plus en plus complet, et il garde la faim de buts. À l’époque, il restait déjà sur le terrain d’entraînement après une séance collective, pour travailler sa finition."
Ce que Deschacht trouve le plus important de tout, est qu’il est resté un gars sympa. "Je l’ai côtoyé en équipe nationale en 2015. Il était devenu une star mondiale, mais il n’avait pas encore changé. On a papoté comme si on jouait encore dans le même club. Et quand je lui envoie un message, il me répond directement. Désolé, mais si vous m’appelez pour entendre quelque chose de négatif à son sujet, vous êtes à la mauvaise adresse (Rires)."